L’été passé, Anderlecht s’est offert les services de Bubacarr Sanneh pour un montant de 8 millions d’euros. Il jouait dans le club danois du FC Midtjylland. De nombreux analystes trouvaient ce montant élevé pour un défenseur qui n’avait pas encore prouvé grand-chose. Le Gambien n’a disputé que 9 matchs de Jupiler Pro League cette saison, 642 minutes au total. Sanneh est souvent sur le banc des réservistes et n’a donc pas encore su apporter ce qu’on attendait de lui.
D’où la question, est-ce vraiment nécessaire de dépenser autant pour un joueur? Anderlecht fait une très mauvaise saison et occupe seulement la 6 ème place du championnat à l’heure actuelle. Ce qui est très décevant pour le plus grand club du pays.
C’est la raison pour laquelle nous voulions analyser les statistiques pour voir si des montants de transferts plus élevés se traduisaient en de meilleurs résultats sur la pelouse. Nous nous sommes concentrés sur l’ensemble des données depuis la saison 2009/10, le moment où la réforme de la compétition a eu lieu et les play-offs ont été introduits.
En théorie, Anderlecht pourrait encore remporter le titre cette saison, mais il faudrait un miracle pour que cela se produise. Au total, l’équipe qui a le plus dépensé pour acquérir les services d’un joueur n’a été championne qu’à trois reprises au cours de cette décennie. Les autres fois, le « big spender » a terminé une fois 2 ème, trois fois 3 ème, une fois 4 ème, une fois 6e dans les play-offs I et même une fois 8 ème au terme de la saison régulière.
Anderlecht a soulevé le trophée en 2012 avec Dieumerci Mbokani, l’attaquant qui avait été transféré de Monaco pour 3 millions d’euros, au grand regret des supporters du Standard, ex-équipe du joueur. En 2016, c’est au Club de Bruges d’être couronné avec comme milieu de terrain un certain Hans Vanaken, venu de Lokeren pour un montant de 4 millions d’euros. Anderlecht a également remporté le championnat en 2017 avec dans son équipe l’international roumain Nicolae Stanciu, transféré du Steaua Bucarest.
Il est évident que Dieumerci Mbokani a joué un grand rôle dans le titre d’Anderlecht. Il a notamment marqué cinq buts durant les play-offs décisifs. Hans Vanaken a, avec 4 buts et 4 assists, sûrement aussi sa part de responsabilité dans la victoire de Bruges. Ce qui est moins le cas de Nicolae Stanciu. Le Roumain est loin d’avoir réussi à Anderlecht et a même été revendu à perte au Sparta Prague par la suite.
Un joueur vedette peut faire la différence, mais il a bien sûr besoin de ses 10 coéquipiers. C’est la raison pour laquelle nous avons également analysé les montants totaux dépensés par chaque club. Ainsi nous avons pu voir si les grosses dépenses durant les périodes de transferts ont porté leurs fruits en termes de résultats.
2009/10
Anderlecht a été champion en 2010. Pourtant, le club n’a dépensé que 1,2 millions d’euros cette saison-là. Une prestation qui est à souligner! Le Standard de Liège a dépensé pas moins de 8,6 millions d’euros la même année, plus que n’importe quel autre club du championnat, et a pourtant terminé seulement 8 ème de la compétition régulière. Genk, qui a dépensé 2,2 millions, le deuxième montant le plus élevé, n’a fini que 11 ème.
2010/11
A la surprise générale, Genk a terminé premier en 2011. Le KRC Genk n’a pourtant dépensé que 200.000 euros en transferts entrants cette saison-là. Du jamais vu! Le Standard de Liège était à nouveau le plus gros dépensier avec 13,7 millions d’euros déboursés. Les Liégeois ont terminé vice-champion. Lokeren a dépensé 900.000 euros en transferts, le 6ème montant le plus élevé, et a terminé 6ème des play-offs.
2011/12
Anderlecht a gagné le titre en 2012 en dépensant 8,3 millions d’euros en transferts entrants, le deuxième plus gros montant de toutes les équipes. Le Club de Bruges a déboursé le plus, 13,8 million d’euros, et a terminé à la deuxième place en play-offs I. Zulte Waregem a dépensé 1,3 millions d’euros, le 6 ème plus gros montant, mais a terminé seulement 13 ème de la compétition régulière.
2012/13
Anderlecht a été champion pour la deuxième fois de suite en 2013, alors que le club Bruxellois n’a dépensé que 4,3 millions d’euros, bien moins que ses concurrents. Le Club de Bruges a déboursé le plus, 12,6 millions, et a terminé 3 ème. Genk a déboursé le 2 ème plus gros montant, 12,3 millions d’euros, et n’a terminé que 5 ème au terme des play-offs I. Le Standard de Liège a dépensé 8,4 millions et s’est classé 4 ème.
2013/14
Anderlecht a gagné le titre pour la troisième fois consécutive en 2014 en déboursant 12,9 millions d’euros, le plus gros montant. La Gantoise a dépense 9,15 millions d’euros en transferts entrants, mais s’est classé seulement 7 ème. Le Standard de Liège n’a déboursé que 2,9 millions et a terminé vice-champion.
2014/15
2015 est l’année ou La Gantoise a remporté le championnat belge. Le club a dépensé 4,4 millions d’euros durant les périodes de transferts. En revanche, les Gantois avaient déboursé 9,15 millions l’année précédente, ce qui a sûrement contribué au titre de champion qui a suivi. Le Club de Bruges a déboursé 6,2 millions, le 4 ème montant le plus élevé, et s’est classé deuxième. Le Standard de Liège a acheté des nouveaux joueurs pour un montant total de 10,6 millions d’euros au cours de cette année-là. Personne n’a dépensé davantage, mais les Liégeois se sont classé seulement 4 ème au terme des play-offs I.
2015/16
Le Club de Bruges voulait absolument redevenir champion de Belgique et a mis toutes les chances de son côté en déboursant des gros montants. Les Blauw-en-Zwart ont alors dépensé pas moins de 16,6 millions d’euros en transferts entrants, un nouveau record pour la compétition belge. Heureusement pour le Club de Bruges, ses efforts n’ont pas été vains. Les Brugeois ont renoué avec la victoire finale après plus de 10 ans sans titre national. Anderlecht a déboursé 12,3 millions d’euros en transferts entrants, le deuxième montant le plus élevé, et a terminé sur la deuxième marche du podium. Le Standard de Liège a dépensé 11,3 millions et a terminé au 7 ème rang. Par conséquence, les Rouches ont raté les play-offs I.
2016/17
Anderlecht a battu le montant record de transferts entrants lors de la saison 2016/17. Les Bruxellois ont déboursé pas moins de 27,4 millions d’euros en transferts cette année-là. Une stratégie qui a également porté ses fruits pour eux car le club a remporté le titre national. Marc Coucke a sorti son portefeuille à Ostende en dépensant pas moins de 6 millions d’euros. Son plan a fonctionné puisque les Kustboys se sont classé 4 ème, ce qui leur a permis de participer aux qualifications pour l’Europa League.
2017/18
Anderlecht a à nouveau déboursé 20 millions d’euros en transferts entrants la saison dernière, mais a terminé au 3 ème rang des play-offs I. Le Club de Bruges a remporté le championnat en dépensant ‘seulement’ 15,9 millions d’euros, le 3 ème plus gros montant de tous les clubs. Le Standard de Liège de Ricardo Sá Pinto a terminé juste derrière en ayant déboursé 12,6 millions d’euros en transferts. Le retour de Mehdi Carcela a sans doute joué un rôle significatif dans cette belle deuxième position. Zulte Waregem a dépensé 7,8 millions, mais a fini 9 ème au classement.
Nous pouvons en conclure que dépenser de grosses sommes d’argent a sans aucun doute un impact sur le classement. Cependant, il ne s’agit sûrement pas d’une garantie de succès. Alors que certains joueurs ont tout à fait rentabilisé leur montant de transfert et ont contribué aux bons résultats de leur équipe, d’autres nouveaux arrivants étaient de véritables flops et ont quitté leur club par la toute petite porte. Dépenser des montants importants est et restera risqué, mais c’est devenu un élément non négligeable du football moderne.